lundi 10 décembre 2012

Ma discographie idéale.

   A l'approche de Noël, ce n'est pas rare d'être à cours d'idées pour les cadeaux. On a tous un proche à qui on ne sait jamais quoi offrir. Ma solution? Un bon vieux CD mythique, à sa façon. Et oui, je fais partie des gens qui achètent (encore!) des disques.
Certains albums, plus que d'autres, marquent profondément nos vies de façon indélébile. Bande-son de notre quotidien, ils bercent nos jours & parfois même nos nuits; nos joies, mais bien souvent nos peines. Plus qu'un simple disque, chacune de ses chansons pourraient être associées à une période de notre vie. Parce que tous les citer serait trop long, je te résume ma discographie idéale en trois opus.




The Libertines - The Libertines (2004)

Pour occuper la première place du podium, j'ai nommé les génialissimes, les incommensurables, les légendaires, les héroïques, les regrettés... The Libertines. Et oui, tu l'as compris: les Libertines & moi, c'est une grande histoire d'amour.

Véritable reflet de leur génération, les Libertines ont bouleversé de façon éclair la scène rock anglaise. Leur succès, & tout ce qui l'accompagne (fric, débauche, égo sur-dimensionné & compagnie), aura rapidement raison d'eux. Insaisissables, les quatre anglais ont crée des classiques instantanés.

Sur cet album, qui tient du miracle étant donné les relations conflictuelles du groupe à cette époque, le groupe a livré tout son talent. Comme un adieu prématuré. Can't Stand Me Now, qui dépeint la relation chaotique du duo Carl Barât-Pete Doherty, est à leur image: percutant, provocateur, mais aussi & surtout incroyablement sensible. Les titres phares se suivent, mais ne se ressemblent pas. De la balade amoureuse de Music When The Lights Go Out, aux remords de What Became Of The Likely Lads, au culte What Katie Did: tout y passe. De la haine aux amours ratés, des regrets aux pardons: la limite est infime. Avec un songwriting qui leur est propre, les Libertines ont décrit la vie & ses maux avec une simplicité désarmante.

Musicalement, l'extrême rigueur de Gary Powell aux fûts, appuyée par la ligne de basse impeccable de John Hassall, permettent aux guitares bordéliques de s'exprimer en toute liberté. Les voix, quant à elles, s'entremêlent & se donnent constamment la réplique, sans pour autant briser la mélodie principale. 
Parce que les Libertines, c'est ça: un équilibre parfait.

Ma chanson # What Katie Did 




The Clash - London Calling (1979)

The Clash - London Calling
Epic Records # 1979

Souvent catalogué à tord de simples punks, le groupe mythique des Clash représente bien plus que quatre mecs un peu paumés qui balancent des textes engagés. Avec cet album, ils sont entrés dans l’Histoire de la musique & se sont émancipés du cercle punk. Entre jazz, reggae ou pop, les Clash ont démontré tout en subtilité leur génie.

Cet album est pour moi particulièrement symbolique. Il incarne la musique dans toute sa splendeur. Je me rappelle exactement où j'étais la première fois que j'ai pris le temps d'écouter ce disque. Comme tu l'a deviné, c'était il y a longtemps. Surprise de taille: j'ai été incroyablement déçue. Je détestais. Alors c'était donc ça les Clash? La voix rocailleuse de Joe Strummer, des cris, aucun fil conducteur entre les différentes chansons...

Un an plus tard, un peu par hasard, je suis retombée sur les extraordinaires & inimitables Hateful & Guns Of Brixton. Voilà. Deux chansons & j'étais conquise à jamais. Se pose alors la question inévitable: comment ai-je pu passer à côté de ça il y a quelques mois à peine? Et oui, je n'avais rien compris. En musique, pas besoin d'étiqueter un style ou une attitude pour chaque groupe: le ressenti prime.
Et question feeling, les Clash sont les maîtres: la rage au ventre sur London Calling, je me sens anglaise dans l'âme. Sur Train In Vain & cette rythmique disco, chanté par Mick Jones, je suis éperdument amoureuse. Avec Lost In The Supermarket, ces guitares & cette charleston: je renie la société de consommation. Plus fière que jamais sur I'm Not Down, je me rassure toujours en me répétant que le meilleur reste à venir.
Bref, tu m'as compris. La force des Clash, au-delà de leurs qualités musicales évidentes, est de toujours trouver les mots justes. Tout simplement. 

A lire # The Clash, de Joe Strummer, Mick Jones & Paul Simonon.

Ma chanson # I'm Not Down 




Patti Smith - Horses (1975)

Sérieusement, comment résister à l'appel d'une telle pochette? Dans son attitude, tout est question de dosage. L'incroyable Patti est hypnotique, mais pas de quoi nous faire flipper. Désinvolte, mais pas de quoi la détester. Cette chemise blanche d'homme impeccable jure presque avec cette coupe de cheveux qui n'en est pas une, cette veste balancée sur l'épaule. Avec son côté androgyne, Patti Smith s'amuse des codes avec habilité. Fière, le regard droit, elle dégage un je-ne-sais-quoi que j'ai toujours trouvé rassurant. Patti à l'air d'une grande timide qui s'efforce de paraître sûre d'elle. Comme une enfant. Pourtant, Patti Smith a eu les épaules pour tracer sa propre voie & imposer son style.

Et cet aspect de sa personnalité se retrouve dans sa musique. Sur l'intro de Gloria, les références bibliques & le piano délicat, rien ne laisse présager une telle suite. Elle susurre comme si chaque mot était douloureux, comme s'ils étaient tabous. La chanson défilant, son accent & son ton se font provocateurs. "You know I look so proud..." Une tension incontrôlable fait monter la sauce & Patti Smith n'est plus la même. On la croit déchaînée sur les "G-L-O-R-I-A" du refrain, mais ce n'est rien comparé au "make her mine, make her mine" qui suivent. Et ce ralenti... Bien que le tempo diminue, la tension, elle, est toujours présente. Comme sur sa reprise My Generation, où elle semble être infatigable.

Patti Smith ne s'adoucit jamais, elle ne connaît pas de répit. Que ce soit sur Free Money, Break It Up ou Birdland, elle semble toujours tiraillée. Suspendu à ses mots, sa voix prends aux tripes. Son phrasé si particulier, entre le parlé & le chanté, m'a toujours ému. Impossible de décrire de façon précise les sensations que j'ai à l'écoute de ce disque, mais une chose est sûre: à chaque fois, il y a une grande dose d'admiration.


A lire # Just Kids, de Patti Smith.

Ma chanson # Free Money



Ces albums - et plus largement ces artistes - j'ai appris à les découvrir, les écouter, les aimer. Malgré le nombre incalculable de fois où j'ai écouté ces albums, un phénomène très étrange m'arrive souvent. Sans raison apparente, j'écoute ces albums avec une oreille totalement juvénile. Comme si c'était la première fois. A chaque fois, de nouveaux détails captent mon attention & me confortent dans mon idée: jamais je ne me lasserai de ces albums. Ils regorgent de surprises. Pour leurs qualités, mais aussi leurs imperfections, ces albums m’apparaissent comme indispensables. Ce n'est pas toujours juste, ce n'est pas toujours calé, mais qu'importe tant que c'est vivant.


Bonne semaine,
Enjoy... & play it louder!!


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