Let's play at... Jazz à Vannes (part. three) # 3

   La soirée du mercredi 1er août, qui s'annonçait déjà très prometteuse sur le papier, sera à la hauteur de mes espérances. Kyle Eastwood, connu tant pour son talent de musicien que pour son nom de famille, est venu accompagné de ses deux basses & de sa contrebasse. Ibrahim Maalouf, muni de sa trompette unique à quarts de tons, est venu présenté la fin de son triptyque avec Diagnostic.  

   

                                   Kyle Eastwood - Songs From The Chateau                                                                      Ibrahim Maalouf - Diagnostic
                                            Candid Productions Ltd. # 2011                                                                                            Mis'Ter Productions # 2011

Quelques minutes avant le concert, Kyle Eastwood monte sur scène, seul, afin d'accorder ses basses. Il faut dire que la pluie & les instruments n'ont jamais fait bon ménage. Je crois que personne - ou presque - ne l'a reconnu & ça m'amuse. Pour son arrivée, officielle cette fois-ci, Kyle Eastwood est accueilli comme il se doit. Alors qu'il saisi sa contrebasse pour Marciac, j'avoue ne l'écouter que d'une oreille distraite, même si le jeu du batteur est à mon goût: fluide & précis. Lorsqu'il reprend la basse, notamment pour slapper, l'atmosphère change littéralement. Loin d'être inoubliable, ce début de soirée agréable était placé sous le signe de la délicatesse.

Loin des stéréotypes sur les jazzmen coincés & trop bien habillés, Ibrahim Maalouf fait son apparition en survêtement noir & baskets blanches. Le ton est donné. Après quelques morceaux seulement, il se justifie "quand j'ai réalisé cet album, j'étais seul dans ma chambre, toujours en pyjama. Enfin bon, celui-ci est un pyjama amélioré. Cette tournée, elle est relax!" Seul sur scène, Ibrahim Maalouf s'installe derrière le synthé. En commentant une fresque accrochée sur le côté de la scène, il s'amuse "Vous avez vu? Je suis beaucoup plus grand que Marcus Miller!" Tout en parlant, il pianote un ragtime entraînant & mélancolique à la fois, inspiré par un ami musicien. Cette chanson, comme toutes les autres, appartient à son analyse, son Diagnostic comme il l'explique si bien. Et pour cause, Will Soon Be A Woman est dédiée à sa fille. En s'excusant presque "je chante très mal", il apprend au public la mélodie principale de la chanson. A chaque signal du trompettiste, la foule devra entonner cet air. En véritable professeur appliqué, il rectifie toutes les imperfections "désolé, hein, mais c'est quand même pour ma fille!". Une fois le public jugé studieux, ses musiciens réapparaissent sur scène. Intensité & émotion sont les deux adjectifs indissociables de cette prestation. Ibrahim Maalouf & sa troupe enchaînent avec Everything Or Nothing, le magnifique Beirut où la présence remarquée du biniou montre l'inventivité & la technicité d'Ibrahim Maalouf: l'incroyable convergence d'influences orientale, rock & même bretonne n'est pas un obstacle à l'harmonie. Toutes ces mélodies riches s'imbriquent parfaitement les unes aux autres, comme si elles étaient indivisibles. Pour finir, Ibrahim Maalouf jouera Ya Ha La (issu de son album Diachronism # 2009), où il se glissera à nouveau dans la peau d'un professeur de musique pour nous faire chanter. En rigolant, une fois de plus, il traduit "ça veut dire bienvenue en arabe, mais bon, je ne l'ai pas écrite pour ça." Pour faire simple, & être fidèle à l'image qu'il dégage, Ibrahim Maalouf est drôle, talentueux, touchant. Entre rires & larmes, Ibrahim Maalouf est l'incarnation idéale de l'artiste parfait.



Rendez-vous bientôt pour le dernier live report concernant le festival de Jazz à Vannes,
Enjoy... & play it louder!!