Confession de l'enfant terrible du rock.

   Aujourd'hui, je me suis engouffrée avec plaisir dans une salle obscure pour regarder... Confession d'un enfant du siècle, adaptation du célèbre roman d'Alfred de Musset, de Sylvie Verheyde. Sorti en salle depuis le 29 août, & malgré les nombreuses critiques réticentes que j'ai pu lire, il me tardait de découvrir Peter Doherty acteur.   

 

Affiche officielle du film

 

Il faut dire que sur le papier, le couple Gainsbourg-Doherty paraissait incroyablement évident, mythique. Peut-être presque trop. Dans quelques scènes, la caméra-épaule omniprésente & la bande originale absolument sublime de Nousdeux The Band produisaient leurs petits effets. La BO, subtile & juste, est haletante & moderne. Dès les premières notes, elle fait régner une nostalgie ambiante, comme si le rideau était déjà tiré sur le dénouement tragique de cette histoire. Malgré ces efforts déployés, une fois sur l'écran, la passion tumultueuse & orageuse qu'a vécu Alfred de Musset avec George Sand (respectivement Octave & Brigitte dans le film) est plutôt fade, lisse.

Et pourtant... Qui mieux que Doherty pouvait parler de la trahison d'un être cher, lui qui s'est trouvé intimement blessé lorsque Carl Barât l'a évincé de son propre groupe, The Libertines? Dans le désespoir le plus complet, il était même allé jusqu'à cambrioler l'appartement de son ex-acolyte en juillet 2003. L'histoire de Confession d'un enfant du siècle, c'est avant tout une trahison: Octave, trompé par sa maîtresse avec un de ses amis intimes, tombe dans un gouffre sans fond. Une impasse où il "ne peut ni l'aimer, ni en aimer une autre, ni [se] passer d'aimer". 

Et puis... Qui mieux que Doherty pouvait parler d'oisiveté & de libertinage, lui qui a été co-leader de The Libertines, formé en 1997? Dès les prémices du groupe, Carl Barât & lui se sont auto-proclamés libres de restrictions morales & conventionnelles. C'est ce que Doherty incarne à la perfection lorsqu'il se glisse dans la peau d'Octave. Ce dernier, encouragé par son ami Desgenais, se livre à la débauche afin d'oublier la trahison de sa maîtresse. Lors de bals masqués organisés dans des salons enfumés, entouré de ses amis ivres, Octave est dans son élément. Et ce n'est un secret pour personne... Peter Doherty & les excès ne forment malheureusement qu'un. C'est pourquoi cette facette d'Octave est aisément retranscrit par Doherty. 

Extrait de Confession d'un enfant du siècle

Et... Qui mieux que Doherty pouvait incarner la luxure, lui qui a été égérie pour Roberto Cavalli, mannequin pour Hedi Slimane (styliste Dior Homme), créateur & égérie de The Kooples? Naturellement dandy, Peter Doherty se fond comme un caméléon dans le décor du film. En 1830, le chapeau haut de forme & la canne sont de rigueur.

Charlotte Gainsbourg & Peter Doherty

Et... Qui mieux que Doherty, âme sensible par excellence, romantique incorrigible, pouvait retranscrire un amour dévorant au point d'être destructeur? Rappelez vous, son histoire avec Kate Moss faisait la une de tous les tabloïds. Dans un nombre incalculable d'interviews, il a déclaré que la top model était l'amour de sa vie, qu'il était désormais incapable d'aimer à nouveau. C'est aussi ce que pensait Octave, avant de rencontrer Brigitte, interprétée par une Charlotte Gainsbourg saisissante. Comme toujours. Alors que Brigitte refuse de céder aux avances d'Octave, il l'a provoque par désespoir pour connaître ses sentiments. Mais le désespoir justement, c'est la ligne conductrice de la plus grande partie des chansons de Doherty. Véritable écorché vif, il incarne le spleen de Baudelaire dont il est fan.

Extrait de Confession d'un enfant du siècle

Mais voilà, malgré un film (presque) autobiographique, Doherty ne transcende pas l'écran. Il se balade avec une nonchalance qui lui est propre mais qui, décidément, n'est pas en raccord avec le style d'Octave. Son sourire en coin & ses yeux malicieux ne permettent pas de le prendre au sérieux. Pourtant, sa voix grave fait office de voix off magnifique, touchante. Dis moi, Pete, si tu retournais à ce que tu sais vraiment faire: la musique? La dernière chanson du film, Birdcage, c'est vraiment toi: une manière inattendue de poser les accords, un phrasé hors du commun, une voix de velours.

Bilan mitigé, donc. Je reste sur ma fin car j'ai eu le sentiment qu'il manquait vraiment peu à ce film afin de prendre une tournure particulière. 

Je vous laisse avec la bande annonce & la bande originale, 

Enjoy... & play it louder!!

BANDE ANNONCE

BANDE ORIGINALE

Nousdeux The Band - Octave

Nousdeux The Band - Mélo

Nousdeux The Band - Brigitte

Nousdeux The Band - Douce Ivresse

Nousdeux The Band - Après l'amour

Nousdeux The Band - Le bonheur

Nousdeux The Band - Labyrinthe

Gesche Geier/Hans-Martin Gräbner

Peter Doherty - Birdcage