Le trio Dear Criminals ouvre le bal. L'audience, confidentielle en début de soirée, est vite captivée par les samples planants du groupe canadien. Les lumières froides et hypnotiques plongent La Flèche d'Or dans une ambiance astrale. Mais le timbre chaud et voilé de Frannie Holder (de Random Recipe) réchauffe l'atmosphère. Ereintée sur les "watch me cry", elle dévoile une voix fragile.
Avant d'entamer Rose, la chanteuse précise que cette chanson est "pour toutes les mamans". En retenue, elle offre une respiration à un set un peu monotone. Le superbe Took It From Me pimente le concert. Sur Face The Odds ou encore Lover's Suicide, les voix de Frannie Holder et Charles Lavoie (de betalovers) s'entremêlent et décuplent l'énergie. Contrairement à l'album, les basses sont bien présentes. Un son lourd, joué en fond de temps: la soirée s'annonce bien.
L’intruse américaine de la soirée, Haley Bonar, prend le relais. Avec son carré blond, Haley Bonar à des faux airs de France Gall. Si quelques morceaux ont un soupçon d'énergie (Kill The Fun, No Sensitive Man...), le concert est lisse - y compris l'intermède musical. Seul le morceau le clôture, Eat For Free, irradie de poésie.
La salle est désormais remplie pour les québécois de Monogrenade. Composite, de l'album éponyme, donne le ton: le concert sera une parenthèse hors du temps. Le superbe Le fantôme confirmera cette impression. Les textes -en français- prennent leur dimension en live, soulignés par la voix cassé de Jean-Michel Pigeon. Charismatique et habité, le chanteur incarne ses textes. Les cordes (un violoncelle et deux violons) ouvrent le spectre des sonorités et créent des tensions sombres, comme sur Cercles et pentagones. Sur Phaéton, ils n'hésitent pas à lâcher prise.
Généreux, les six membres de Monogrenade se lancent des regards complices sur scène. Leur bonne humeur fera rire la salle à plusieurs reprises. "Y a moyen d'avoir des bières?" lance le chanteur, avant que sa compatriote Frannie Holder ne vole à son secours en lui apportant le breuvage tant espéré.
Pour le rappel, Monogrenade offre un moment de grâce à La Flèche d'Or avec une magnifique reprise de J't'emmène au vent de Louise Attaque. Le groupe réussit avec brio un exercice ardu: reprendre un classique, un incontournable, en y imprimant sa touche. Le tempo est lent, les mots sont détachés. Du vrai Monogrenade. Le concert se termine avec Ce soir, tiré du premier album Tantale. Subtil et poétique. Si l'album Composite est très convaincant, le concert, lui, est envoûtant.
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